Qu'est ce JSF

Présentation

Nous l'avons évoqué dans le chapitre précédent, JSF (JavaServer Faces) est un framework MVC basé sur les composants. Il est construit sur l'API Servlet et fournit des composants sous forme de bibliothèques de balises ressemblant très fortement à la JSTL. Celles-ci peuvent être utilisées dans des pages JSP comme dans toute autre technologie de vue basée sur le Java, car le framework JSF ne limite pas le développeur à une technologie particulière pour la vue. Cependant, il existe une technologie relativement récente baptisée la Facelet, qui fait partie du standard et qu'il est recommandé d'utiliser dès lors que l'on travaille avec JSF, celle-ci étant bien plus adaptée que les pages JSP. Ces dernières sont d'ailleurs considérées comme une technologie de présentation dépréciée pour JSF depuis la sortie de Java EE 6 en 2009.

Hormis les avantages inhérents à tout framework MVC basé sur les composants, que nous avons listés dans le chapitre précédent, JSF offre notamment de grandes capacités de création de templates (ou gabarits), telles que les composants composites.

Qu'est-ce que la création de templates ?

Il s'agit tout simplement de la possibilité de découper une page en plusieurs composants indépendants, assemblés ensuite pour former une page finale. À cet égard, la technologie JSP fournit seulement le tag<jsp:include/>.

Pour rester concis, JSF permet comme la plupart des frameworks MVC de gérer les événements et la validation des données saisies par l'utilisateur, de contrôler la navigation entre les pages, de créer des vues accessibles, de faciliter l'internationalisation des pages, etc. En outre, puisqu'il est basé sur les composants et non sur les requêtes, il permet de gérer un état pour une vue donnée. Pas de panique, nous allons revenir sur ces aspects importants en temps voulu et par la pratique.

Principe

JSF est un framework MVC et propose, en guise de contrôleur unique du cycle de vie du traitement des requêtes, la FacesServlet.

Un contrôleur unique ?

Eh oui vous avez bien lu, il n'y a qu'une seule servlet chargée d'aiguiller l'intégralité des requêtes entrantes vers les bons composants, et ce pour l'application tout entière ! Cette architecture porte un nom, il s'agit du pattern Front Controller, qui lui-même est une spécialisation du pattern Médiateur.

JSF vous évite d'avoir à écrire le code - standard, passe-partout et pénible - responsable du regroupement des saisies utilisateurs (paramètres de requêtes HTTP), de leur conversion & validation, de la mise à jour des données du modèle, de l'invocation d'actions métiers et de la génération de la réponse. Ainsi vous vous retrouvez uniquement avec une page JSP ou une page XHTML (une Facelet) en guise de vue, et un JavaBean en tant que modèle. Cela accélère le développement de manière significative ! Les composants JSF sont utilisés pour lier la vue avec le modèle, et la FacesServlet utilise l'arbre des composants JSF pour effectuer tout le travail.

Tout cela semble bien compliqué, mais en réalité si vous devez n'en retenir qu'une chose, c'est celle-ci : avec JSF, vous n'avez plus besoin d'écrire de servlets ! Ne soyez pas inquiets face à toutes ces nouveautés, nous allons y revenir calmement et en détail un peu plus loin dans ce chapitre.

MVC basé sur les composants vs MVC basé sur les requêtes

Certains avancent que le plus gros inconvénient de JSF est qu'il n'autorise que peu de contrôle sur le code HTML/CSS/JS généré. Cela ne tient en réalité pas à JSF en lui-même, mais simplement au fait que c'est un framework MVC basé sur les composants, et pas sur les requêtes (actions).

En réalité, c'est très simple : si un haut niveau de contrôle sur le rendu HTML/CSS/JS est votre principale exigence lorsque vous choisissez un framework MVC, alors vous devez regarder du côté des frameworks basés sur les requêtes comme Spring MVC.

Après ce long aparté sur l'histoire de JSF, dont vous pouvez trouver la version originale anglaise surcette page, résumons la situation en quelques lignes :

    • JSF 2.0 est un framework web MVC qui se focalise sur la simplification de la construction d'interfaces utilisateur, autrement dit la vue. Il propose nativement plus d'une centaine de balises à cet égard, et facilite la réutilisation des composants d'une interface utilisateur à l'autre ;

    • avec JSF 1, tout devait être déclaré dans un fichier de configuration, et le développeur devait donc maintenir un énième fichier XML... Avec JSF 2, c'en est terminé de ces fichiers (inter)minables : les annotations remplacent les fichiers externes, et le développement s'en retrouve donc grandement accéléré et simplifié !

    • dans ce cours, je ne ferai dorénavant plus jamais la distinction entre JSF 1 et JSF 2, tout bonnement parce que JSF aujourd'hui, c'est JSF 2 et rien d'autre. Dans votre tête, cela doit être tout aussi clair : JSF 1 est de l'histoire ancienne, et je n'y ferai allusion que ponctuellement pour vous informer des différences importantes avec la version actuelle, afin que vous ne soyez pas trop surpris si jamais vous devez un jour travailler sur une application développée avec JSF 1 (ce que je ne vous souhaite bien évidemment pas !).

Les ressources périmées concernant JSF sont légion sur le web ! Énormément de cours, tutos, sujets de forums et documentations traitent de JSF 1, alors que JSF 2 a changé énormément de choses. Faites bien attention aux liens que vous parcourez, et basez-vous sur les dates clés de l'histoire de JSF pour déterminer si les informations que vous lisez sont d'actualité ou non. En règle générale, vous devez donc vous méfier de tout ce qui a été publié avant 2009 !

Structure d'une application JSF

Étudions brièvement comment se construit une application basée sur JSF. Cela ne devrait pas bouleverser vos habitudes, la structure globale est très similaire à celle d'une application web Java EE MVC traditionnelle :

    • la vue est généralement assurée par des pages JSP ou par des pages XHTML (on parle alors de Facelets) ;

    • le modèle est assuré par des entités ou des JavaBeans ;

    • le contrôleur, auparavant incarné par nos servlets, est dorénavant décomposé en deux éléments :

        • une unique servlet mère servant de point d'entrée à toute requête, la FacesServlet ;

        • un JavaBean particulier, déclaré via une annotation et désigné par le terme managed-bean.

    • le tout est mis en musique par des fichiers de configuration : le classique web.xml, mais également un nouveau fichier nommé faces-config.xml.

Nous observons que la différence majeure qui ressort jusqu'à présent est l'absence de servlets spécifiques à chaque page, comme nous devions en écrire dans nos applications MVC faites maison.